Ce mois-ci nous allons nous consacrer à l’origine des cépages, sujet un peu pointu 🙂. Il faut savoir qu’il n’existe pas une mais plusieurs origines du cépage. Pourquoi cela ? Eh bien tout simplement parce que l’on parle d’origine historique, géographique combinées avec l’origine généalogique. Ce sont ces trois différents points qui vont nous aider à comprendre comment on obtient tel ou tel cépage.

Allez, on se concentre…

Avant tout… Qu’est-ce qu’un cépage ?

C’est une variété de raisin cultivée de l’espèce Vitis-vinifera.

Un cépage nait d’un processus biologique : la reproduction sexuée. C’est-à-dire qu’il va y avoir fécondation entre deux fleurs ce qui va donner un nouveau pépin. On obtient donc une nouvelle plante et un nouveau cépage. Par exemple, le Pinot et le Goué sont les parents des Chardonnay et Gamay. Pourtant ce sont deux cépages totalement différents.

Un cépage peut également muter, ce qui va l’amener à devenir un nouveau cépage. On peut prendre l’exemple du Pinot noir, qui est devenu gris et blanc. Ce sont trois cépages distincts qui sont pourtant issus du même cépage de base.

 

L’espèce vitis-vinifera

Dans le genre vitis-vinifera, on va noter différentes étapes de « création » de cépage. Tout d’abord on note l’espèce sauvage : les lambrusques (sexes femelles et mâles, pépins arrondis). Puis c’est au tour des domestiqués ou encore cultivés, les sativas (hermaphrodites avec des pépins périformes, allongés). Ensuite il y a une acclimatation des cépages et enfin les voyages de ceux-ci qui donne différentes espèces dans le monde.

Il faut cependant être attentif au caractère de domestication. Il existe la domestication qui se distingue de la post-domestication.

 

La domestication

La domestication primaire fait référence à l’apparition de la vigne domestiquée dans le Sud Caucase, en Géorgie actuelle, il y a environ 6 à 8 000 ans. Le raisin est l’un des premiers fruits à avoir été domestiqué après les céréales. Grâce à l’association du travail de l’archéologue et de la génétique, on arrive à extraire des traces de pépins notamment et de vinification dans des jarres, ou encore des résidus de pollen. Les cépages européens sont parfois génétiquement plus proches des lambrusques géorgiens que de ceux de leur propre pays.

La domestication secondaire, elle, est le croisement entre un cépage de première domestication avec d’autres cépages du pays qui ont donné des cépages locaux. Tout ceci explique bien l’adaptation des cépages à différents terroirs, climats et sols. On arrive donc à obtenir ce que l’on appelle de nos jours des « vins de terroirs » !

De plus, on distingue les différentes morphologies du raisin : celui de table : grosse baie, grappes lâches ; celui de cuve : petite baie arrondie, grappe compacte.

 

Aventurons nous dans l’origine historique du cépage…

Pour cela, nous cherchons à comprendre la dénomination des cépages et nous nous concentrons sur l’identification morphologique ou génétique de celui-ci.

A savoir que jusqu’au Moyen-Âge il nous est impossible de relier des noms de cépages à ceux que nous connaissons aujourd’hui. Il n’y a aucune preuve. C’est à partir du Moyen-Âge que nous allons donc pouvoir suivre leur histoire.

Cependant ! Quelques problèmes importants à identifier se posent…

On parle de synonymie ampélographique, c’est-à-dire qu’un même cépage peut être désigné par plusieurs synonymes, et donc différents noms alors que ce sont les mêmes.

On parle également d’homonymie ampélographique, c’est-à-dire que différents cépages, de différents lieux, portent le même nom et amènent à une grande confusion. Par exemple, le Grey Riesling des Etats-Unis n’est pas le même cépage que notre Riesling du Rhin en France.

Enfin, on parle de toponymes, ici ce sont des cépages qui portent des noms de lieux, comme le Portugais Bleu, mais qui ne viennent pas de cette région là. En effet le Portugais Bleu est un cépage autrichien. Il faut donc faire attention à l’origine du cépage qui est différente de son nom.

Il est très important d’identifier ces différences variétales, morphologiques et génétiques afin de prévenir ces problèmes et mieux comprendre le cépage que l’on étudie. L’ampélographie permet notamment de comprendre comment un cépage d’une région est devenu le même cépage mais au nom totalement différent dans une autre région du monde.

 

D’un point de vue origine géographique…

On a donc compris qu’il était difficile de se fier au nom du cépage. Afin de comprendre leur origine géographique, on se base donc sur des groupes de cépages en fonction de leur morphologie, et notamment de leurs feuilles !

En effet, la feuille est très importante, c’est un peu le « visage » de la vigne. Au niveau local, celle-ci va donc permettre aux ampélographes de constituer des groupes de cépages en fonction de leur proximité morphologique.

Il existe également des marqueurs micro-satellites qui permettent de repositionner des cépages que l’on croyait autochtones et qui s’avèrent être génétiquement d’une autre région (notamment du Caucase).

D’un point de vue généalogique…

C’est un petit échelon mais pas des moindres ! On parle de croisements, naturels ou intentionnels.

La logique morphologique nous aide à comprendre celle généalogique, qui nous aide à comprendre l’histoire du cépage. Par exemple, le Merlot est le fils du Cabernet Franc et de la Madeleine Noire des Charentes. C’est donc le Cabernet Franc qui est le plus vieux dans la région bordelaise ! On comprend alors les interconnexions entre les familles de cépages. Il est important de prendre en compte tous les cépages, même ceux qui sont en voix d’extinction ou peu nombreux, car ils sont tout aussi importants pour comprendre l’origine du cépage.

 

A très vite pour de nouvelles nouvelles!

 

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