Pour ce nouveau podcast au Micro de Bacchus, j’ai eu l’immense plaisir de venir à la rencontre de Matthieu Bordes dans l’enceinte du somptueux Château Lagrange qui est un 3ème Grands Crus Classés situé à Saint-Julien 🍷
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Aujourd’hui je suis ravie aujourd’hui de vous retrouver au Château Lagrange avec Matthieu Bordes directeur général du Château Lagrange.
Bonjour Matthieu ! Il va nous raconter les différentes facettes de son métier !
Bonjour !
Matthieu on démarre cette séquence avec ta vie, ton œuvre.
Comment tu es tombé dans le milieu du vin au tout départ ?
Alors je suis né à Bordeaux dans une famille absolument pas dans le vin mais passionné par la région, passionné par le vin très tôt.
Mon grand-père avait une toute petite exploitation à la retraite on faisait du vin pour les copains.
Dans quel coin ?
Sur l’Entre-Deux-Mers, pas très loin de Sauveterre de Guyenne.
Donc j’ai le souvenir depuis tout petit faire les vendanges quelques rangs. On faisait un peu de vin blanc, un peu de vin rouge peut-être un des premiers vins de garage. Je vais être très honnête avec vous il n’était pas très très bon. Mais c’était très sympathique et je pense que c’est arrivé là.
Ca a commencé comme ça et ce que j’aime dans ce produit là c’est que voilà on démarre de la vigne : il y a un côté très terrien grappe de raisin et puis on la transforme et on se retrouve quelques années plus tard à 20000 km de là à partager ces bouteilles avec des gens passionnés, amoureux et on passe d’excellent moment et je ne pense pas qu’il y a un autre produit qui procure cela.
Très bien.
Alors pourquoi être œnologue aujourd’hui Matthieu ? Tu es directeur général mais est-ce que tu es avant tout œnologue ? ou avant tout directeur général et en second œnologue ?
Dans mon parcours, j’ai fait d’abord une licence de biologie cellulaire et physiologie végétale à Bordeaux et c’était le tremplin pour accéder à la faculté d’œnologie donc 96 98 le DNO et j’ai trouvé ça extraordinaire ça m’a beaucoup plu mais je l’ai trouvé un petit peu réducteur dans le sens où on avait une approche très vin et puis assez peu vigne en comparaison du produit donc comme tout commence à la vigne comme tu le sais enfin j’ai parfait ma formation en rentrant à l’école d’ingénieur agro de Bordeaux où j’ai passé un diplôme d’ingénieur.
ENITA ?
Exactement nouvellement Bordeaux science agro. Et j’ai validé en 2000 voilà.
Donc j’avais toute cette casquette on va dire fondamentale un peu avec une licence de biologie cellulaire physiologie et puis une casquette après plus pratique plus technique vigne et chai donc te dire si je suis œnologue ou ingénieur je pense que c’est assez complémentaire je pourrais pas j’ai jamais pu choisir entre maître de chai ou chef de culture il me fallait les deux.
Donc j’ai commencé comme directeur technique très tôt très vite dans les années 2000 sur Saint-Estèphe j’ai passé cinq ans j’ai fait mes armes sur une petite structure très bon souvenir et puis j’ai grossi un petit peu.
Tu étais où à Saint-Estèphe ?
J’étais à Coutelin Merville dans un petit cru bourgeois, 25 hectares d’un seul tenant très bon souvenir où on apprend tout de A à Z on met la main à la pâte donc ça ça m’a beaucoup plu on est passé de voilà du théorique au terrain et puis j’avais envie de refaire des blancs un petit peu des d’étoffés donc j’ai intégré les vignobles Lafragette donc à l’époque château de Rouillac, château de l’Hospital dans les Graves et château-Loudenne en Médoc où j’ai fait un an et demi avant d’intégrer Château Lagrange comme directeur adjoint en 2006 et depuis 2013 directeur général.
Très bien une étape après l’autre donc maintenant tu as à la fois le côté viticole vinicole.
En tant que directeur général j’imagine que tu as d’autres casquettes maintenant ?
Exactement je me suis un petit peu éloignée de tout ça j’ai une équipe très solide sur la propriété pour m’accompagner mais
c’est toujours bien d’avoir ces bases là puisque lorsqu’on discute, on échange avec les équipes on sait de quoi on parle.
On est cinq œnologues sur la propriété, deux ingénieurs donc c’est le souhait du propriétaire depuis toujours depuis 40 ans
d’avoir toujours une équipe solide techniquement puisque l’objectif premier avoué du propriétaire c’est faire des grands vins bien évidemment le fait de passer en direction générale t’oblige à avoir une vision un petit peu plus haute un petit peu plus stratège et
mon objectif aujourd’hui c’est m’entourer des meilleurs bien évidemment, constituer une équipe, la dynamiser, développer une stratégie commerciale, une stratégie promotionnelle mais tout ça avec mes équipes et parcourir le monde alors on a le savoir-faire depuis pas depuis que je suis là ça a commencé bien avant et puis on essaie de le faire savoir.
Truc à la mode le réchauffement climatique est-ce que tu as quelque chose à dire sur le sujet ?
Est-ce que vous faites quelque chose ? Est-ce que vous l’avez remarqué ?
AOui, on l’a réellement remarqué on le voit au travers des degrés qu’on récolte je vous disais 13,5°, 13,7 ° c’est la norme aujourd’hui
là où il y a encore 30 ans voilà on pouvait ramasser à 12°,12,5° donc ça n’existe plus 2018 était le millésime le plus chaud rencontré à la propriété battue par 2020 battu par 2022 on est en juin 2023 c’est le mois le juin le plus chaud de l’histoire on
est sur des moyennes de température qui sont équivalentes au mois d’août 2016 qui était un très beau millésime vous le savez.
Bref oui il y a un réchauffement climatique donc à notre petite échelle je dis bien notre petite échelle on fait très attention
et on y veille.
Alors on travaille sur de l’agroforesterie, sur la biodiversité, on travaille sur l’entretien des sols, les enherbements permanents, on essaie de travailler un petit peu moins les sols, on les travaille il n’y a pas d’herbicides, il n’y a pas d’insecticides mais on essaie de travailler les sols, d’entretenir les sols un peu différemment forcément tu consommes un petit peu moins de fioul tu préserves aussi un peu la ressource hydrique c’est important pour les vignes.
On fait très attention à tout ce qui est consommation électrique sur la propriété. On a un chai à barrique recouvert de 800 mètres carrés de panneaux photovoltaïques.
L’idée étant de produire nous-mêmes l’électricité qu’on consomme et ce bâtiment produit plus qu’il ne consomment voilà.
Donc vous en revendez ?
Même pas on a fait le choix de l’utiliser on ne la remet pas sur le réseau.
D’accord.
On la consomme.
Donc vous consommez ce que vous produisez ?
Exactement ça couvre à peu près 15 à 20% des besoins du domaine annuel.
D’accord.
On fait très attention aussi à la problématique carton, caisse bois donc on a développé le carton depuis deux ans et aujourd’hui on a quasiment notre second vin qui est depuis cette année intégralement offert un carton.
L’année dernière c’était déjà 60%.
On est à peu près à 23% sur le grand vin bien évidemment la caisse bois est un petit peu plus lourde à transporter etc etc donc bilan carbone moins positif on travaille voilà on travaille sur tout un tas d’aspects comme ça et je répète en toute modestie.
Vous êtes engagé dans des labels ou pas du tout ?
On est HVE3, on est agriculture raisonnée, on a un tiers du domaine qui est conduit selon les principes de la bio et de la biodynamie qu’on va certifier bien évidemment mais on fait ça depuis 2008.
Ah oui.
Donc on commence à avoir un petit peu de recul pour bilan carbone c’est quand même pas terrible puisque si vous avez un printemps pluvieux bah vous êtes amené à traiter plus souvent donc les consommations de fioul sont importantes.
Il y a beaucoup de contradictions finalement.
Oui il peut y avoir quelques non-sens.
Mais à côté de ça il y a des bonnes choses je ne suis pas un ayatollah comme si souvent de l’un ou de l’autre et des bonnes choses à prendre dans les deux et on règle et on régit le reste du domaine les 70% dans cet esprit là une forme de bio alternative, de raisonné plus plus.
D’accord ! Très bien !
2022 en trois mots ?
Trois mots c’est dur.
Non ce qui est surprenant dans ce millésime là c’est l’accessibilité alors la richesse certainement des plus riches que l’on est produit en termes de matière mais une certaine accessibilité et comme je le disais on a 86 % cabernet sauvignon qui le record et souvent ce sont des cépages qui sont assez masculins qui demandent un petit peu de temps bien évidemment que ce sera meilleur dans quatre cinq ans
mais on peut déjà le boire on peut déjà ne pas le cracher ce qui est complètement incroyable donc on arrive à produire aujourd’hui des raisins amples des raisins pardon riche
et dense qui produisent des vins très harmonieux, très puissants, très soyeux, très velouté, c’est de la puissance contenue c’est du fruit très mûr, c’est du cassis, de la réglisse,
de la cerise noire je ne saurais trop que vous le conseiller.
Donc 2022 prêt à boire et à vieillir ? Le parfait fond de garde-robe.
Exactement ! Aujourd’hui on arrive à faire finalement ce que les gens souhaitent mais c’est de la chance c’est pas un souhait absolu c’est qu’on a une fenêtre de dégustation excessivement large et souvent à peine les vins proposés en primeurs qu’on a envie déjà les boire donc là après trois quatre ans vous pouvez les déguster et bien évidemment le pic apparaîtra après six sept huit ans et ce sont des vins que vous pourrez oublier 20 ou 30 ans.
Il y a pas mal de travaux là à Lagrange il y a un projet en cours ?
Il n’y a pas qu’un projet.
C’est en fait, c’est une remise en question permanente sur la propriété.
Il y a 40 ans quand ça été acheté il y a eu un gros projet de restauration puisque trois fois la valeur d’achat avait été investi immédiatement pour tout refaire tant au vignoble, que dans les installations techniques, que dans le château où nous nous trouvons aujourd’hui.
Mais le temps passe et puis les métiers changent, l’activité change aussi donc c’est une remise en question qui est quasi permanente et donc on a entamé il y a un an et demi des travaux de rafraîchissement, d’embellissement l’outil
de production est incroyable on le modernise très régulièrement donc il y a pas un grand chamboulement si tu veux de l’activité sur le château c’est plus des ajustements permanents qui sont fait tout au long de l’année et de la succession des millésimes.
Il y a quelque chose qui est un petit peu
nouveau depuis 4-5 ans aujourd’hui on fait partie d’un groupe de réflexion sur le RSE en ayant été certifié au niveau deux je
crois donc voilà c’est l’intégration de ces données là sociétale, environnementale beaucoup plus marquée qu’elle ne pouvait
l’être par le passé bien que c’est une notion dans le groupe Suntory qui leur est très cher puisque l’environnement et les personnes font partie des préoccupations essentielles
du groupe ou la tagline du groupe “c’est vivre en harmonie entre l’homme et la nature” voilà et toutes ces questions environnementales sociétales prennent de plus en plus de place donc en effet il y a des choses un petit peu là dessus.
Passons à la rubrique perso on va en savoir plus sur toi.
Matthieu si tu étais un vin lequel serais-tu ? à part Lagrange parce que on sort de Lagrange ?
Alors un vin c’est difficile j’en goûte beaucoup je dois boire un peu plus de milliers de bouteilles par an il y a beaucoup de vin que j’aime, il y en a beaucoup que je n’aime pas.
On va passer plus de soirée ensemble.
Et donc ce que j’aime le Cabernet sauvignon, la Syrah on va parler pour les vins rouges.
J’aime les vins puissants charnues onctueux voilà donc c’est forcément quelque chose qui tourne autour de ça.
Ca peut être un grand vin de la vallée du Rhône je peux vous citer Jamet par exemple.
J’aime beaucoup des grands vins de Cabernet de la région bordelaise de la rive gauche mais aussi certains grands Napa fait en altitude.
Oui les cabernets c’est bon là bas.
Donc voila je pourrais citer une dizaine de domaines avec des millésimes associés.
Donc un vin puissant ?
Un vin puissant mais rond charnu élégants voilà c’est vraiment ce qu’on adore ce que j’adore je dis “on” parce que je m’identifie à mes équipes aussi.
Matthieu si tu étais une voiture laquelle serais-tu ?
Une voiture. Une bonne question.
Mais j’aimais beaucoup, j’avais une voiture il y a une vingtaine d’années un petit coupé sport voilà on parle beaucoup des Youngtimer c’est peut-être ma génération aussi et je me ferais bien plaisir pour acheter un petit coupé Z3 tu vois en moteur 3 litres 2 atmosphérique.
Bon parfait ! Très bien.
Si tu étais un sport lequel serais-tu ?
Il y a un sport au quel je me suis mis il y a peu de temps.
Il y a deux trois mois. C’est le padel ah alors je jouais un peu au tennis et je me suis mis au padel et je dois dire que j’adore j’adore pour plusieurs raisons je retrouve un petit peu ce qu’on fait dans le vin : c’est ludique on est quatre donc c’est du partage, c’est de la convivialité puis ça fait un peu de sport il y a pas besoin d’une très grande technique on s’amuse très vite donc le padel.
Ok très bien.
Merci Matthieu pour avoir répondu à toutes ces questions j’espère que vous avez passé un bon moment vous avez pu découvrir le métier de directeur général à travers toutes ces facettes et tout ce que nous a raconté Matthieu.
Merci à vous tous !
A bientôt ! Salut !
Voici les anciennes interviews:
2
20
19.[
18.[Vigneronne] Interview de Marie-Hélène YUNG-THERON, Journée de la Femme
17.[Sommelier] Interview de Valéria Ténison, Meilleure Sommelière 2018 de Russie
16.[Biodynamie] Interview de Marie-Laure Latorre, Directrice du Château Jean Faure à Saint Emilion
15. [Vin Bio] Interview de Benjamin Hessel, Directeur du château des Annereaux
14. [RSE] Interview de Laura Esperandieu, responsable RSE au CIVB
13. [INSTAGRAM] Interview de Marlène Delolmo, Instagrammeuse autour du vin
12. Interview d’Étienne CHARRIER, Directeur Technique du Château Prieuré-Lichine
10. [Oenotourisme] Interview de Philippe MASSOL, Directeur de la Cité du Vin
9. [Caviste] Interview de Pierre Antoine BORIE, propriétaire de la Cave BRIAU
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