Pour cette 27ème interview, nous avons eu l’immense plaisir d’accueillir Jérémy Cukierman MW, Master of Wine, Journaliste, Auteur et Directeur de la KEDGE Wine School.
Dans ce premier épisode, Jérémy partage avec nous les défis et les enjeux inhérents à ses fonctions de Directeur de la KEDGE Wine School.
Il nous offre également un aperçu de son parcours, détaillant les étapes qui l’ont conduit à occuper ce poste prestigieux.
Restez connectés pour le second épisode qui sera diffusé la semaine prochaine. Au programme, une exploration approfondie de la formation de Master of Wine et le lancement de son nouveau projet, “L’Odyssée du Vin”.
Bon visionnage à tous !
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Aujourd’hui je suis ravie d’interviewer une super personnalité pas n’importe qui Jérémy Cuckierman multi casquette à la fois journaliste, consultant, master of wine et il vient de sortir un super livre qu’on va vous présenter aussi tout à l’heure. Aujourd’hui le zoom sera sur son métier de directeur de la Kedge Wine School.
Bonjour Jérémy ! Bonjour !
Merci d’avoir accepté de de vous prêter au jeu du Micro de Bacchus !
A tout de suite..
Episode 1 :
Votre parcours : Comment vous avez fait pour pour en arriver là ? A être directeur de la Kedge Wine School ?
Alors moi je suis une reconversion professionnelle j’ai démarré dans le vin un peu avant les 30 ans donc ça fait maintenant presque 20 ans. J’étais média planeur. J’achetais de l’espace publicitaire dans des grandes agences de publicité et puis je suis tombé sur un groupe de joyeux drille dont l’un était un fils de guide gastronomique.
On a commencé à passer notre temps à arpenter les vignobles, à organiser des dîners d’accords mets et vins. J’étais tombé dans la publicité un peu par hasard pour être très honnête sans trop savoir pourquoi et juste parce que voilà j’avais fait un stage et j’avais été embauché après.
Très bonne expérience mais pas de passion particulière pour le secteur et puis quand on rencontre une passion et qu’on se dit qu’on peut en vivre à un âge de sa vie où on peut encore bifurquer j’ai pas trop hésité et donc voilà un peu avant mes 30 ans j’ai sauté le pas j’ai monté ma structure qui consistait en une structure à la fois de marchand de vin où j’avais des boutiques à Paris, de la vente sur allocation de vin rare puisque nous avion eu la chance d’obtenir des allocations dans des domaines assez rares et une agence événementielle où on organisait les dîners accords mets et vins dans des grands restaurants gastronomiques principalement parisiens donc j’ai eu la chance, j’ai envie de dire même le privilège, de faire pas mal de dîners avec Alain Senderens accords mets et vins qui étaient quand même le “Pape” des accords mets et vins. Et plein d’autres et on allait au Relais Bernard Loiseau, on descendait chez Jacques Lameloise etc enfin voilà des très beaux moments à l’époque.
Et puis bah voilà “l’appétit vient en mangeant” on démarre un peu la fleur au fusil après quelques années on se rend compte qu’on croit savoir plein de choses et puis qu’en fait on en sait pas beaucoup dans ce monde qui nous apprend quand même chaque jour l’humilité et qui est sans fin, qui est le monde du vin. Donc j’ai eu envie de mettre un peu de théorie sur cette pratique et donc j’ai passé les différents niveaux du WSET et puis quand j’ai passé le niveau 4 qui consiste en 6 unités en 2 ans, j’avais principalement des Master of Wine en tant que prof. Le niveau 4 c’est très bien passé j’ai eu la chance d’avoir des bonnes notes dans un certain nombre de mentions et certains de mes profs m’ont incité à envoyer ma candidature au programme de Master of wine ce que j’ai fait. J’ai eu un petit examen d’entrée j’ai passé l’examen et j’ai été pris. Donc voilà donc tout s’est un peu enchaîné et après j’ai passé 4 ans et demi en apnée avec cette pression très forte et puis voilà on travail non-stop pour on respire on vit on dort Master of Wine parce que c’est si on veut l’avoir pas y passer 10 ans de sa vie c’est sûr qu’il faut il faut être très intensément investi dans dans dans cette mission.
Donc 4 ans et demi, je suis rentré en 2013 septembre 2013 et je l’ai eu en mars 2017 si je me trompe pas. Voilà et donc une parenthèse j’ai envie de dire à la fois une parenthèse enchantée mais une parenthèse très intense avec des moments de doutes, avec beaucoup de pressions, avec un gros investissement familial parce que c’est une aventure et un défi qu’on relève avec sa famille mais en même temps des rencontres formidables, appris énormément de choses, appris à retravailler différemment, à travailler de manière très structurer, à comprendre le système, à avoir une stratégie par rapport à un examen aussi exigeant donc donc voilà donc une très belle aventure. Et puis après voilà le Master of Wine une fois qu’on l’a passé en plus je l’ai passé à une époque où on était on est encore très peu de français puisqu’on est huit aujourd’hui mais on était que cinq à l’époque.
Et donc évidemment ça ouvre quand même un certain nombre de portes après ce n’est pas une fin en soi. Il faut pousser les portes, faut avoir envie de continuer à faire des choses, faut avoir envie de maintenir le niveau d’excellence, l’humilité, la curiosité ce que j’essaie de continuer à faire tous les jours..
Oui puis le monde du vin est tellement vaste que c’est sans fin !
Ca c’est sûr à chaque fois que je fais un voyage viticole, j’apprends des choses, je trouve qu’à chaque fois qu’on…
Alors attention est-ce que toutes vos vacances sont autour du monde du vin ?
Alors plus maintenant car de temps en temps il faut savoir couper en revanche je dois reconnaître que notamment quand je passais le diploma puis encore plus le master of wine j’alliais à l’utile à l’agréable et donc il y avait toujours un vignoble à proximité et quelques visites qui se profilaient pendant les vacances.
Ben oui parce que du coup toute la famille aime le vin et l’apprécie ?
Oui alors après il faut en tout cas moi j’ai deux ados, il faut laisser le temps au temps et je pense que voilà quand on est jeune venir au vin ce n’est pas forcément évident. Il faut d’abord les emmener vers le goût et vers l’éducation du goût, faire sentir les assiettes, parler du goût, les faire parler. Je pense que après ça viendra si ça doit venir.
Jérémy est-ce que vous faites partie de la team des parents qui font goûter les enfants tôt ou pas ?
Alors je fais partie de la team des parents qui propose de goûter tôt après voilà sans forcer la main enfin moi-même je ne suis pas venu au vin ni à 12 ni à 14 ans ni à 15 ans je pense qu’il y a des choses qui sont plus facile à comprendre au début que d’autres. Mais en revanche de voilà de faire sentir, de sensibiliser, de faire réfléchir au goût, ne serait-ce que je trouve en faisant déguster un beau jus de fruit, un plat, l’amour des bonnes choses : c’est le chemin vers la dégustation.
Donc je pense qu’il y a plein de voies pour emmener et puis je veux dire on est tous différents, ils aimeront ou ils aimeront pas le vin, je n’ai surtout pas envie de les forcer et ça viendra ou ça viendra pas.
Donc 2017 : Master of Wine, 2018 : la Kedge wine school : Vous devenez directeur ? Comment ça se passe ?
Alors d’abord c’est un peu par hasard c’est une rencontre une amie qui était directrice marketing et communication de la Kedge Wine School qui m’a fait rencontrer le directeur général de l’époque et puis voilà il y avait une envie de dynamiser un peu le département vin donc assez vite il m’a proposé de rejoindre le département vin en tant que directeur c’était totalement nouveau pour moi pour être très honnête parce que même si j’étais retombé dans le monde de l’éducation en tant qu’étudiant sur le tard en revanche diriger un département alors tout à fait nouveau c’est pas totalement vrai parce que j’avais monté mon école de WSET donc j’enseignais quand même depuis quelques années j’avais enseigné dans des grandes des écoles de commerce en parallèle mais pour être honnête il y avait quand même énormément de choses que je ne connaissais pas ne serait-ce que les acronymes sur les programmes, le jargon, les prérequis, les accréditations etc donc pas mal de découvertes après voilà je pense que quand quand on arrive dans ce type de mission qu’on est à l’écoute qu’on essaie de comprendre assez vite on a un aperçu des des rouages et on arrive à s’adapter.
Monde passionnant d’abord je trouve que quand on a beaucoup travaillé à un sujet même si encore une fois c’est un sujet sans fin et que justement ce qu’il faut transmettre c’est aussi l’humilité et la diversité des visions parce qu’il y a pas une manière de faire dans le monde du vin donc moi pour moi l’éducation c’est aussi ça : c’est apprendre des gens à faire et leur apprendre qu’ils doivent faire avec leur personnalité, qui doivent comprendre avec leur personnalité et qui doivent se construire et derrière contribuer à construire la filière vin de demain donc moi pour moi ma mission à Kedge Wine School c’est un peu ça mais voilà passionnant.
Et puis le partage, la transmission c’est quand même super donc voilà l’avenir de de de la filière vin est entre les mains des jeunes pousse qui arrivent dans ce secteur. On a la chance et le privilège d’en voir beaucoup d’en accompagner beaucoup à la Kedge Wine School.
Moi je trouve ça formidable il y a un regard neuf il y a un regard parfois je trouve très pertinent très averti il y a toujours beaucoup de passion que je dis systématiquement pendant les discours d’accueil et diplomation c’est que c’est un privilège je pense de travailler dans le monde du vin parce que on n’est pas là par hasard parce que c’est un choix, c’est un choix de passion parce que on interagit avec un corps enseignant qui est tout aussi passionné et qui a envie de transmettre donc c’est vrai que c’est enfin moi je me sens comme quelqu’un de privilégié que de guider ses jeunes vers ce secteur qui il faut le rappeler représente le deuxième secteur en balance commerciale en France avec plus de 500 000 emplois direct et indirect qui représentent aussi un pan de notre culture, de notre histoire je crois que le vin explique beaucoup de choses qu’à travers le vin on peut regarder les évolutions sociologiques, les flux migratoires et plein d’autres choses et donc voilà c’est ce qu’on essaie de transmettre ce qu’on essaie de transmettre aussi aux jeunes c’est que ils doivent se construire avec leur personnalité je crois que c’est un des un des rares secteurs qui laisse encore de la place pour les personnalités qu’on soit dans le marketing et dans la manière de vendre ou de raconter un produit ou quand on le fait, peut-être encore plus quand on le fait évidemment là on peut mettre sa patte mais je crois qu’il y a encore beaucoup de flexibilité et ça c’est assez formidable donc une très belle aventure que la Kedge Wine School et puis voilà on est dans une structure qui aujourd’hui est reconnue.
J’ai des formidables équipes parce que on avance pas seul.
Alors ces équipes elles sont organisées autour de quelle formation ? Quelles sont les différentes formations de la Kedge Wine school ?
Alors on a une spécialisation de Bachelor en wine and sustainability. On a un master vin et spiritueux en français en alternance qui est décliné sur Bordeaux, Paris et Marseille qui est notre programme historique qui est le plus ancien.
On a deux Master of Science donc un qui est un programme en wine and spirits et donc qui est dispensé en anglais qui est un programme à temps plein et un autre qui est à Paris et qui est spécialisé en wine and hospitality donc vin, hôtellerie et restauration.
Nous avons aussi une école de sommellerie qui s’appelle Worlds som, nous avons un partenariat avec la Fondation Gérard Basset pour promouvoir la diversité dans la filière et donc c’est un programme je n’aime pas ce terme parce qu’il est un peu utilisé à toutes les sauces mais inclusif euh en tout cas on essaie de recruter des gens qui viennent de la diversité sociale et qui ne pourraient pas avoir accès à ces études et qui ont la chance de suivre des programmes de 6 semaines avec certains des plus grands sommeliers de France et du monde et de découvrir la magie de ce métier qui est le métier de sommelier qui est à la fois l’ambassadeur de la cuisine des terroirs des vins.
Episode 2 :
Qu’est-ce que qu’est-ce qu’il faut avoir comme compétences ? Quels sont différents champ d’action pour être directeur de programme ?
Il faut d’abord avoir envie de de transmettre.
Notre première mission c’est l’employabilité donc il faut comprendre les besoins du secteur, il faut s’efforcer de former nos futurs professionnels puisque je considère que nos étudiants puisque nous sommes sur principalement sur des programmes de spécialisation sont vraiment de futur professionnel et que c’est le dernier marchepied vers leur emploi donc il faut s’assurer qu’ils ont les compétences nécessaires et requises aujourd’hui par le secteur vin et spiritueux donc ça c’est notre mission première.
Donc ça veut dire et ça passe par une interaction permanente avec le milieu, avec le secteur pour comprendre ce dont ils ont besoin, pour comprendre les tendance, pour rester proche du terrain donc ça c’est extrêmement important.
Donc finalement l’une des facettes c’est beaucoup d’opérationnel, sur le terrain, voir comment ça se passe pour leur proposer les bons outils de formation ?
Et interagir avec les professionnels.
En plus, nous on a quand même une partie de nos programmes qui sont en alternance et d’autres où il y a des stages donc évidemment il faut aussi être proche des employeurs pour qu’ils aient envie d’accueillir nos étudiants qu’il se rendent compte que nos étudiants sont formidables. Donc ça c’est une des facettes.
En parallèle bien sûr ensuite adapter les contenus pédagogiques en fonction de ses besoins et des attentes des étudiants. Donc être le plus complet possible, leur donner une vision alors exhaustive c’est trop c’est prétentieux parce qu’évidemment on n’a jamais une vision exhaustive du monde du vin qui est un monde sans fin comme on l’a déjà dit.
Mais en tout cas une une vision assez éclectique j’ai envie de dire parce qu’il n’y a pas une manière de faire parce que je pense qu’ils doivent construire leur vision en étant confronté à plein d’intervenants différents.
Je vais prendre un exemple tout bête la dégustation vous allez écouter des prof de dégustation il y en a pas un qui va vous raconter exactement la même chose quand on regarde la dégustation géo sensorielle et intuitive, la dégustation comme va vous l’ apprendre un œnologue, la dégustation avec l’approche WSET, elles sont toutes différentes il y en a pas une qui est bonne, elles ont toutes des atouts et probablement aussi des inconvénients ou des choses qu’on pourrait critiquer.
Moi je pense qu’il faut construire son approche de la dégustation et il faut picorer. Et donc je pense qu’on peut faire ça dans dans toutes les matières et tous les aspects qui touchent au vin au spiritueux, l’hôtellerie et restauration et au service. Et donc c’est ce qu’on essaie de transmettre à nos étudiants c’est plein de visions différentes, plein d’approches différentes, pour qu’ils se construisent et qui construisent leur capacités professionnelles derrière et leurs compétences.
On les met beaucoup en situation aussi parce que je crois quand on prépare un professionnel il faut qu’il ne soit pas uniquement dans l’apprentissage mais dans le comment je vais apprendre à faire voilà qui soit vraiment dans le concret parce que c’est ce que vont attendre leurs employeurs après bon l’avantage de nos programmes c’est qu’ils passent quand même une bonne partie de leur temps en entreprise donc des facto ils sont aussi dans l’opérationnel au quotidien mais on essaie de les mettre face à des cas concrets, des cas pratiques extrêmement régulièrement. Face bien sûr à des académiques mais aussi des professionnels pour qu’il y ait cette pluralité de vision qui est à la fois de la prise de recul et puis des choses très concrète donc ça ça fait partie de la casquette.
Ensuite monter des partenariats pour qu’ils aient les meilleurs voyages, les meilleures visites pour que leur année soit une véritable expérience, une véritable immersion dans le monde du vin pour essayer de leur donner encore plus de passion. Donc voilà les principaux sujet c’est ça. Et après je finirai quand même sur une de nos missions à mon sens première c’est de les sensibiliser aux enjeux aujourd’hui de la filière. En particulier, il y a un gros enjeu c’était le sujet de mon second livre qui s’appelait “Quel vin pour demain ?” : c’est l’enjeu climatique je pense que la transition environnementale est une nécessité aujourd’hui, que nous ne sommes qu’aux prémisses de ce ciel qui souffle le chaud et le froid et puis de ce dérèglement et de ses conséquences.
En revanche, moi je suis quelqu’un d’optimiste je pense que la plante et l’humain sont très résilients que quand on est face à l’adversité, on est capable d’être extrêmement créatif et de se réinventer. Mais ceux qui vont se réinventer, c’est surtout les générations à venir alors nous on est au début, on a commencé à penser des solutions il va y en avoir de plus en plus. Donc il faut qu’on aide les jeunes à penser différemment, à réinventer la filière de demain, une filière plus responsable, un vin plus responsable et ça je pense que pour ça il faut qu’on change un peu les états d’esprit, il faut qu’on casse un peu avec les modèles d’hier et ça c’est vraiment un rôle que en tout cas moi je prends particulièrement à cœur et je crois que mes équipes aussi et c’est extrêmement important.
Donc si je devais résumer tout ce que vous venez de nous dire en top 4 sur les différentes facettes du métier de directeur d’école ?
Etre sur terrain, être proche des employeurs, être proche de la filière, comprendre les évolutions de la filière et essayer de les retranscrire et de sensibiliser les étudiants et puis de s’assurer qu’il vont être employables et qui vont être prêts pour relever les défis du secteur, faire de leur année une véritable expérience donc s’assurer que les contenus pédagogiques sont adaptés.
Bien sûr essayer de former des jeunes de plus en plus flexible, de plus en plus responsables, de plus en plus adaptables, pour qu’ils puissent relever le défi que le ciel nous impose et puis bien sûr multiplier les partenariats avec les entreprises du secteur pour qu’ils vivent une véritable expérience, une véritable immersion dans le monde du vin et que la passion soit renforcée à la fin de leur année d’étude.
Donc vous disiez vous êtes beaucoup sur le terrain, c’est des facettes de votre métier. Quels sont d’après vous les deux grands défis à relever là dans l’avenir proche ?
Le premier, il est assez évident on en a déjà un petit peu parlé c’est le défi climatique. Il y a une nécessité de tous agir pour la transition environnementale. Il y a deux facettes, il y a deux défis en un. Il y en a un qui est de s’adapter et il y en a un autre qui est d’atténuer. Donc il faut apprendre à nos jeunes à la fois à être plus adaptable et donc à changer les méthodes culturale, la manière de parler du vin, la manière de le vendre et la manière de le penser. Et puis en parallèle, il faut tous qu’on essaye de faire baisser l’empreinte carbone de la filière.
Il y a plein de manières de le faire. Je ne vais pas rentrer dans le détail mais effectivement il faut qu’on apprenne à penser aux conséquences.
Ce sont des sujets qui sont abordés là dans les formations justement ?
Bien sûr, on a mis en place des modules spécifiques sur le changement climatique et le vin et la durabilité, qui n’existait pas il y a quelques années. Je pense que c’est indispensable qu’il y a un rendez-vous où les étudiants sont confrontés exclusivement à cette problématique et se posent des questions sur cette problématique et travaille sur des cas concrets.
Donc oui ça, c’est évidemment le gros défi.
Et puis moi je pense il y a quelques années j’entendais un professionnel éminent du secteur qui disait : “Le changement climatique il est là ça va être de pire en pire etc” La filière vin en en empreinte carbone, c’est extrêmement faible par rapport au reste.. Moi je pense que ce genre de discours sont un peu dangereux je pense que on doit tous contribuer quel que soit l’importance ou le chiffre qu’on va mettre derrière au niveau bilan carbone. Moi je pense au contraire que la valeur de l’exemple est extrêmement importante, que le monde du vin a quelque chose d’unique il y a cette relation directe avec le terroir, avec la nature et donc c’est très concret pour les gens.
Tout le monde peut être acteur de cette transition dans le monde du vin et je pense que si on fait de la filière viticole un exemple on va montrer la voie pour beaucoup d’autres industries et beaucoup d’autres secteurs.
En plus, il se passe déjà énormément de choses dans le vignoble il y a une créativité incroyable pour essayer de s’adapter et d’atténuer donc je pense qu’il faut qu’on valorise toutes ces actions et qu’on continue.
Après le gros défi dans la filière c’est que c’est une filière très fragmentée avec beaucoup de petits acteurs donc un des gros défis pour la transition environnementale, c’est de partager les savoirs, c’est de se parler, c’est que les acteurs se parlent et qu’ils soient capable de transmettre les bonnes pratiques aux quatre coins du monde. Donc ça c’est le premier grand défi et c’est le plus grand soyons clair.
Le deuxième qui est peut-être plus ponctuel ou plus structurel mais qui est quand même un défi préoccupant c’est que on a une filière vin et en tout cas des consommateurs de vin qui vieillissent qu’on a une image de certaines régions qui est un peu vieillissante et que donc je pense qu’il faut réenchanter le monde du vin pour les jeunes.
Alors de ce point de vue-là, je suis peut-être un peu moins bien placé en tout cas avec ma casquette Kedge parce que moi les jeunes que je reçois par nature ils sont passionnés et ils sont intéressés donc je veux dire, je n’ai pas beaucoup de travail à faire vis-à-vis d’eux donc je pense que le travail qu’on a faire il est plus individuel, nous professionnels de la filière, c’est peut-être plus ma casquette de journaliste ou d’auteur qui doit réenchanter un petit peu le vin à mon humble niveau.
C’est pas moi qui vait le faire c’est tous ensemble que nous y arriverons. En revanche il faut je pense arriver à redémontrer aux jeunes que le vin peut être jeune, que le vin n’est pas vieillissant, que la dégustation le goût ce sont des choses fondamentales et à mon sens c’est un défi qui démarre très tôt. Moi je m’étonne encore qu’aujourd’hui dans les écoles on n’ai pas des cours sur le goût, qu’on n’ai pas des confrontations fortes avec le goût plus forte que juste de leur faire planter trois choux et trois carottes. Je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas aussi important de les faire déguster de l’amer, du sucré, du salé, de les faire réagir très tôt tout autant des cours d’histoire. On est quand même un grand pays de goût et et d’ailleurs je pense que c’est au-delà au-delà de la notion de pays c’est quelque chose d’universel les goûts. Je pense que ça devrait démarrer très tôt et démarrer beaucoup plus tôt.
Nous allons passer maintenant Jérémy à votre dernier bébé “L’Odyssée du vin”.
Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ? Et notamment comment vous est venue l’idée de construire ce livre en zoomant sur des vignerons, des propriétés, des vins en particulier ?
Alors en fait l’idée elle a un peu évolué pendant la gestation j’ai envie de dire puisque ce type de livre c’est évidemment de longue haleine paradoxalement contrairement à mes deux premiers livres où il y avait un fil directeur très clair les deux premiers livres: le premier c’était l’histoire de 26 vignerons du monde entier qui avait marqué l’histoire du vin. Le second c’était sur le changement climatique et le vin.
Là l’idée que j’ai eu c’est de raconter des voyages, de raconter des choses qui m’ont touché avec des angles différents.
Donc voilà il y a des angles géologiques, il y a des angles topographiques, il y a des angles historiques, il y a des angles humains donc effectivement il y a quatre grandes parties.
Il y a une partie sur sur les vignobles parce que cette partie s’appelle “l’exception vient au vignoble” et sans un grand terroir il y a pas de grand vin. Il y a une partie qui s’appelle “le génie vigneron” parce que une fois qu’on a les conditions microclimatique, topographique, géologique il faut une main, il faut un ambassadeur. Il y a une partie qui s’appelle “chef-d’œuvre” parce que après il faut un lieu pour faire ces vins.
Et puis la dernière partie s’appelle “message in bottle” parce qu’après il faut passer le message et donc il faut que la bouteille soit porteuse de ce message et des trois parties précédentes. Donc voilà plein plein d’angles différents.
L’idée c’est que ce livre donne un peu, d’abord que je partage ce qui m’a touché, que j’espère les gens touchent du doigt l’émerveillements que nous devons cultiver parce que nous sommes sur un secteur qui est d’abord multiples qui est passionnant où il y a énormément de gens qui se donnent du mal et où je pense que on est quand même dans la notion de partage, de plaisir, d’émotion alors c’est un partage, un plaisir et une émotion qui nécessite de la sueur, qui nécessite des doutes et beaucoup de stress parce que faire du vin c’est pas facile. Donc ce livre c’est un peu un hommage à des lieux, à des personnes et à des émotions que j’ai eu.
Voilà et avec encore une fois un aspect peut-être un peu aussi insolite parfois donc les traits pentu, jus de cailloux, les très vieilles vignes tout ce qui appelle un peu la révérence ou la réflexion. Moi je suis fasciné par les vins élevés sous voile qui sont quand même des vins absolument uniques. Je parle des vins de glace, je parle à travers un grand Domaine Gilette de Crème de tête pour ne pas le citer, des grands vins de botrytis. Mais voilà il y en a un peu pour tous les goûts..
Jérémy vous avez fait le Master of Wine, 4 ans et demi quand même de votre temps. Si vous avez trois conseils à donner à tous ceux qui voudraient faire ce Master of Wine, quel seraient ils ? Pour les encourager à y aller.
Le premier conseil il est évident c’est d’être prêt à donner énormément d’énergie et énormément de travail. Moi je crois que le talent est une toute petite proportion des grandes choses et que on peut arriver à tout avec beaucoup de travail. Mais être conscient que c’est énormément de travail et être prêt à sacrifier beaucoup de son temps et beaucoup de son énergie.
Avoir une situation personnelle qui le permet et être avoir parlé avec les personnes qui vous entourent et être sûr d’avoir une stabilité personnelle suffisante. Parce que je pense que ce sont des les grands concours et les grands examens nécessitent d’être bien dans sa tête et d’être bien dans sa vie.
Et la dernière chose c’est comprendre le système, avoir une stratégie claire, être très structuré dans sa méthode de travail et travailler quasiment autant sur ce qui est attendu et comment répondre aux attentes que sur le savoir et l’utilisation du savoir.
Jérémy rubrique perso pour en savoir un peu plus sur vous là.
Est-ce que si vous étiez un un vin Jérémy lequel seriez-vous ?
Oh une Syrah du Rhône Nord bien sûr.
D’abord parce que c’est mes premiers amours viticole bon et puis un peu de rugosité, un peu de tanin, de la structure et puis j’espère quand même un peu de un peu de floral et un peu de poivre dans tout ça.
D’accord un domaine en particulier ou pas ?
Oh bah le domaine qui m’a donné envie de rejoindre ce beau monde du vin c’est le Domaine Jamet avec des côtes Rôtie absolument fantastiques. Donc c’est ce qui me vient immédiatement.
Très bien Jérémy.
Si vous étiez en sport lequel seriez-vous ?
Le ski sans hésitation non plus.
Oui l’adrénaline ? la vitesse ?
La vitesse, le rapport à la terre, les pieds sur terre ouais voilà non.
Et puis des on déconnecte un peu sur des skis ça doit faire du bien non ?
C’est pas on déconnecte un peu. Bon il y a des beaux vins de de région non.
Mais quand vous skiez concentrer quand même pour ne pas tomber ?
Oui oui c’est sûr non mais non mais en plus voilà un sport de lieu aussi on est dans des panoramas absolument fantastiques donc voilà. Et puis moi je suis plutôt un homme de la terre que de la mer.
D’accord et une dernière question Jérémy, si vous étiez un livre lequel seriez-vous ?
Bah je vais pas être très original mais je vais dire l’Odyssée du vin” parce que je vais reprendre les paroles de Pascaline Le Pelletier qui a écrit une très belle chronique et que je remercie une nouvelle fois. Elle a lu mes trois livres et elle a dit que : “Celui-ci était probablement le plus personnel que c’était vraiment une forme de quête personnelle qui rencontrait d’autres quêtes personnelles.” Je pense que effectivement ce livre c’est un peu mes voyages que j’ai envie de partager avec plein de gens. Donc ça me correspond bien.
Merci de vous être prêté au jeu du Micro de Bacchus.
Avec grand plaisir! à très bientôt! à bientôt
Voici les anciennes interviews:
26.[Droit & Vin] Jean-Baptiste Thial de Bordenave Avocat
25 .[Vins & Pâtisseries] Juliette Henry Chalard créatrice de contenu “Au Sein du Verre”
24.[RECONVERSION] Du terrain au vin découvrez la parcours inspirant de Rémi Lamerat.
23.[Agroforesterie] Edouard le Grix de la Salle du Château Le Grand Verdus
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18.[Vigneronne] Interview de Marie-Hélène YUNG-THERON, Journée de la Femme
17.[Sommelier] Interview de Valéria Ténison, Meilleure Sommelière 2018 de Russie
16.[Biodynamie] Interview de Marie-Laure Latorre, Directrice du Château Jean Faure à Saint Emilion
15. [Vin Bio] Interview de Benjamin Hessel, Directeur du château des Annereaux
14. [RSE] Interview de Laura Esperandieu, responsable RSE au CIVB
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12. Interview d’Étienne CHARRIER, Directeur Technique du Château Prieuré-Lichine
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